Isaïe Lefebvre

Isaïe n'est vraiment pas quelqu'un d'heureux. Il ne se cache pas pour le dire, c'est de notoriété publique. Pour autant, et même s'il semble en vouloir à la planète entière, il est loin de détester la vie. D'ailleurs, il ne se laissera jamais mourir tout simplement parce qu'il est malheureux. En cela, il est assez résistant, combatif. Il ne baisse pas les bras, même lorsqu'il en a profondément envie.
Son passé la lentement poussé à se renfermer sur lui-même, à repousser toute forme de relation. Il fait donc tout pour rebuter les gens qui le côtoient, pour les pousser à le fuir. Il préfère être seul, pour broyer du noir et se noyer dans la douleur. C'est plus simple pour lui de ne pas se préoccuper des autres, plutôt que d'être proche de quelqu'un et de vivre dans l'inquiétude de possibles dangers pour cet autre personne.

Le jeune homme est grand, à la peau mat et aux yeux clairs. Entre le vert et le gris, ses pupilles sont le reflets de son âme. Parlant très peu, Isaïe se sert beaucoup de son regard et de ses sourcils pour s'exprimer. On le décrirait comme peu expressif alors qu'en réalité il laisse passer beaucoup d'informations sur son visage. Il n'utilise simplement pas la parole pour mettre des mots sur ce qu'il pense. La barbe qui recouvre ses joues lui donne un air peu avenant et n'incite pas vraiment les gens à l'aborder. Cette dernière sert simplement à camoufler le plus possible la longue cicatrice qui barre le menton du garçon.
Il est également extrêmement musclé, ayant une carrure imposante même pour un jeune homme dans la fleur de l'âge. N'ayant pas souhaité sombrer dans l'alcool lorsque les malheurs s'étaient abattus sur lui, il avait préféré foncer la tête baissé dans le sport. Stressé, malheureux, ou simplement ennuyé : toutes les périodes de sa vie et ses différentes émotions lui permettent de s'exercer. Il ne s'arrête jamais vraiment. Isaïe fait aussi bien de la course à pieds, que du pilate, des sports de combat que du vélo. Voilà pourquoi, à Mystic Falls, les autres loups le prennent souvent pour un de leurs congénères.

Lorsque l'accident de voiture avait eu lieu, Isaïe se trouvait déjà à l'hôpital. Etant tombé du plongeoir à la piscine, il avait été emmené aux urgences très rapidement. Sa mâchoire avait pris un sacré coup, contre le béton, et le sang avait rapidement coulé. Alors âgé de sept ans, Isaïe ne souvenait pas très bien des circonstances de l'accident. Il se rappelait simplement de l'horrible douleur qui l'avait saisi, et de la quantité astronomique d'hémoglobine auteur du plongeoir.
Ses parents avaient été prévenu très rapidement mais, inquiets pour leur petit garçon, ils s'étaient précipité dans leur voiture. Son père, Paul, n'avait pas marqué le stop. Et le camion qui avait déboulé de l'intersection n'avait pas pu s'arrêter. Morts sur le coup. Tous les deux.
Leur fils unique s'était retrouvé orphelin du jour au lendemain avec, pour seule compagne, sa nouvelle cicatrice, qui lui barrait le visage. Isaïe s'était toujours reproché la mort de ses parents. Il avait toujours été persuadé qu'ils ne seraient pas décédés s'il n'avait pas eu ce stupide accident de piscine.

Ballotté de foyer en foyer, comme une balle tennis que l'on renvoie à son adversaire, le garçon avait grandi sans réelle attache dans la région de Mystic Falls. Refermé sur lui même à cause de la tristesse, il s'était fait très peu d'amis, jusqu'au lycée, où il avait rencontré la femme de sa vie. Izia. C'était elle qui lui avait ouvert les yeux sur la beauté du monde. Et qui lui avait réappris à vivre. Il était tombé fou amoureux d'elle. Et elle l'avait aimé avec douceur, à la manière d'une adolescente qui rencontre son premier amour mais qui sait pertinemment qu'il ne sera pas le dernier. Ils étaient longtemps sorti ensemble, jusqu'à ce qu'Isaïe la demande en mariage. Ils venaient d'avoir 23 ans et le jeune homme se sentait prêt. Il savait aussi qu'il ne rencontrerait jamais personne comme Izia. Il avait tenté sa chance. Et elle avait dit oui.
Persuadé que sa vie s'arrangeait enfin, Isaïe s'était enfin senti apaisé. Il allait y arriver. Il allait fonder une famille, devenir éditeur et adopter un chien. Même si ses parents lui manqueraient toujours, il allait pouvoir avancer. Il allait pouvoir oublier un peu sa douleur et construire un futur plus radieux. C'est sûrement ce qu'il se serait passé si Izia était allée jusqu'au bout de son engagement. Mais, malheureusement pour notre héros, elle était partie elle aussi. Le jour de leur mariage, Isaïe avait trouvé une lettre dans sa chambre. Une lettre d'adieu, qui lui annonçait que sa fiancée ne l'aimait pas assez pour se marier. Elle était partie, emportant avec elle les rêves de famille et de bonheur.

5 ans plus tard, Isaïe se retrouvait seul, ténébreux et aux allures de mecs insensibles. Ce n'était pas le cas, bien au contraire. Il se sentait de plus en plus responsable du malheur de ses proches. Toujours persuadé qu'il était responsable de la mort de ses parents, il n'avait cessé de se torturer, s'empêchant de se rapprocher du monde extérieur. Editeur dans une maison d'édition féministe, il avait décidé de lâcher prise et de ne plus se soucier des autres. Il ne parlait quasiment plus et préférait s'épuiser dans le sport plutôt que de sortir boire un verre avec des collègues. L'abandon d'Izia n'avait fait que le renfermer un peu plus. Son air ténébreux collait donc parfaitement au personnage d'insensible qu'il s'était créé.

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